Johannesburg, 07 août, 2025 / 8:32 PM
Mgr Sithembele Anton Sipuka du diocèse catholique de Mthatha en Afrique du Sud a comparé la situation actuelle du pays à un bateau pris dans une tempête, à une époque où la pratique de la foi décline et où le peuple de Dieu tend vers « l’athéisme pratique ».
Dans son homélie prononcée mardi 5 août à l’ouverture de l’Assemblée plénière de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe (SACBC), Mgr Sipuka a médité sur les lectures du jour : l’Évangile selon Matthieu, où les disciples sont pris dans une tempête, et le Livre des Nombres, avec l’épisode de jalousie familiale où Miriam et Aaron contestent l’autorité de Moïse.
La situation de Moïse face à ses frères jaloux et celle des apôtres dans la tempête, a-t-il dit, « nous est très familière aujourd’hui. Nous vivons à une époque d’athéisme pratique, où bien que les gens professent croire en Dieu, leur vie concrète montre le contraire. »
Dans les villes du Cap-Oriental, l’ordinaire local de Mthatha, également président du Conseil sud-africain des Églises (SACC), a souligné que « le dimanche ressemble à un lundi, et les fidèles se font plus rares à l’église ».
Il a déploré que « sans consultation, le ministère de l’Éducation organise des cours le samedi et le dimanche, empêchant les enfants qui tiennent encore à la foi d’assister à la messe le dimanche et au catéchisme le samedi ».
Mgr Sipuka a dénoncé la dégradation morale et éthique dans la région, s’interrogeant sur les priorités dans les pays voisins.
« Que peuvent faire les Églises quand le gouvernement éloigne les enfants ? Il n’y a même plus d’assemblées de prière le matin à l’école, sans parler de l’éducation religieuse », a-t-il regretté lors de la messe d’ouverture de l’assemblée plénière réunissant les évêques catholiques du Botswana, d’Eswatini et d’Afrique du Sud.
Depuis sa consécration épiscopale en mai 2008, il constate que « le fruit de cette éclipse de l’autorité divine est visible chez ceux qui dirigent la société et le gouvernement ».
Pour lui, cette situation se manifeste notamment par « la corruption qui dépouille les pauvres parce que les responsables ne reconnaissent plus aucune responsabilité transcendante ».
« Les corrompus ne respectent pas la dignité donnée par Dieu à ceux dont ils détruisent la vie », a-t-il ajouté.
Il a exprimé son regret que la gravité de la corruption soit telle qu’elle touche « plus de 60 % de nos jeunes au chômage, car les ressources pour créer des emplois ont été dilapidées par ceux au pouvoir ».
Mgr Sipuka a déploré la perte de foi qui se traduit par « une baisse de la fréquentation des messes, moins de vocations et un appauvrissement des ressources ».
« Les gens abandonnent le navire, sentant que le bateau prend l’eau. D’autres autorités alternatives rivalisent pour leur allégeance — le matérialisme promet une satisfaction immédiate, les pratiques traditionnelles comme l’ubungoma offrent un pouvoir spirituel concurrent à notre loyauté et obéissance au Christ. »
Dans son homélie du 5 août, Mgr Sipuka a encouragé le peuple de Dieu à rester ferme dans la foi, affirmant que la réponse de Dieu face aux défis n’est pas la condamnation, mais la présence et la patience.
Se référant à l’Année jubilaire 2025 de l’Église catholique, il a expliqué : « Le logo de cette année jubilaire montre la croix comme une ancre — le Christ, fondement de notre espérance. Mais ce n’est pas une ancre statique. C’est l’ancre des pèlerins, d’une Église en mouvement. »
« Nous ne sommes pas appelés à désespérer face aux tempêtes, nombreuses et diverses, mais plutôt à reconnaître le Christ qui marche vers nous sur les eaux de nos épreuves », a-t-il dit.
Il a exhorté ses frères évêques à être en première ligne pour aider les personnes désespérées : « Quand les familles se brisent, il faut les aider à voir le Christ marcher sur les eaux de leur fragilité. »
« Quand les jeunes désespèrent, nous devons leur montrer Celui qui s’approche, même dans le chômage et le désespoir », a-t-il ajouté, avant de conclure : « Quand le matérialisme et les spiritualités concurrentes remettent en cause notre autorité, nous ne répondons pas par la colère défensive comme Miriam, mais avec la confiance de Moïse — intercéder, guérir, montrer la vraie source de vie. »
« L’espérance de cette Année jubilaire n’est pas que les vents cessent de souffler. C’est le Christ qui entre dans notre bateau. Quand Pierre a marché sur l’eau, il a commencé à couler, non pas parce que la tempête s’est aggravée, mais parce qu’il a cessé de regarder Jésus. »
« Notre vocation est claire : aider notre peuple à garder les yeux fixés sur le Christ qui marche vers nous. Dans chaque défi que l’Afrique du Sud rencontre — corruption, inégalités, désintégration familiale, chômage des jeunes — le Christ s’approche », a conclu Mgr Sipuka.
« Notre tâche est d’aider notre peuple à reconnaître sa voix : ‘Courage, c’est moi, n’ayez pas peur.’ Le bateau ne coule pas parce que le Christ y est — même si nous ne le voyons pas toujours clairement. »
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